Création collective réunissant un compositeur, des danseurs-chorégraphes et une chercheuse doctorante spécialisée en Intelligence Artificielle appliquée à la synthèse sonore et aux interactions homme-machine, SPA[S]M explore la boîte noire de l’Intelligence Artificielle par le prisme du corps et du son.

Entre crainte et fascination, l’Intelligence Artificielle est l’objet de tous les fantasmes. D’intelligence, elle n’en porte pourtant que le nom. L’IA ne fait qu’analyser, comparer et classer des données collectées à grande échelle. Pour autant, la complexité des algorithmes qui en sont à l’origine est telle que leur compréhension échappe même aux ingénieurs qui les ont développés. Face à la place grandissante de ces technologies dans nos sociétés, de l’aide à la décision médicale à la reconnaissance des mouvements de foule, cet « effet boîte noire » questionne autant qu’il inquiète. D’autant que les sciences sociales ont montré combien les algorithmes ne sont pas des outils neutres. Ils portent en eux-mêmes une vision de la réalité qu’il est légitime d’interroger.

À la croisée des disciplines, SPA[S]M est un projet art-science qui interroge notre rapport aux technologies à travers la relation de la danse à la musique. Plongés dans la boîte noire d’une Intelligence Artificielle, deux danseurs n’auront de cesse de s’émanciper du pouvoir que la musique impose à leur corps par son tempo, ses accentuations et ses caractères. Augmentés par des capteurs de gestes et aidés par une IA, ils subtilisent à la musique son pouvoir sur le temps et sur le son. Fascinés par cette capacité nouvelle à se fondre et se confondre avec les sons et les instruments, ils réalisent, mais un peu tard, que c’est la machine qui les façonne en retour. S’ensuit alors une tentative de réappropriation de sa voix et de son corps.

En lutte contre la machine, SPA[S]M est une quête de l’anomalie et du silence pensés comme les interstices dans lesquels le libre arbitre peut s’exprimer.